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Hommage à Jean-Louis Genard (28 avril 1951 - 13 juin 2022)
D’une présence aussi intense que discrète, aussi modeste qu’essentielle, tous n’ont sans doute pas perçu la place centrale que Jean-Louis Genard occupe dans la sociologie francophone. Il a nourri de ses réflexions décisives de nombreux travaux en Belgique comme à l’étranger. Il a joué un rôle majeur dans l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française dont il a su mener la jeune revue « SociologieS » au rang d’une incontournable référence. Il a marqué de ses apports la sociologie pragmatique française au développement de laquelle il a contribué.
Infatigable, curieux, d’une grande générosité à l’égard des questions d’autrui, son cheminement est habité par un intérêt constant pour la sociologie morale et les questions éthiques, qu’il a su explorer et exprimer dans la constance de ses engagements tant pratiques que théoriques. D’une rare compétence à éclairer les questions les plus complexes, Jean-Louis Genard savait aussi partager ses connaissances, comme en témoignent ses innombrables publications et son inoubliable talent pédagogique. Il a participé à l’encadrement de quantité de thèses et contribué à une liste impressionnante de contrats de recherche, ouvrant toute une génération à la profession dont plusieurs sont aujourd’hui en poste dans différents pays, et cela sans jamais perdre de vue les enjeux intellectuels de sa discipline. Ses derniers travaux abordent sans détours des questions brûlantes sur l’évolution du monde de la recherche, telles la place de l’éthique ou celle des langues dans lesquelles nous sommes amenés à publier nos résultats.
Dans le même temps, il n’a pas négligé les responsabilités organisationnelles, tant académiques que sociales, culturelles et politiques, comme le révèle par exemple son engagement à l’Observatoire des Politiques Culturelles de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ou son implication dans la création d’une école doctorale à l’Université de Kinshasa. Parmi ces diverses responsabilités, on retiendra en particulier la création du GRAP – le Groupe de Recherches sur l’Action Publique – au sein de notre Faculté, ainsi que la direction de l’Institut Supérieur d’Architecture Horta qui le mena à accompagner son rattachement à l’ULB et la création de la Faculté d’Architecture dont il fut le premier Doyen.
Le parcours académique est impressionnant, malgré les multiples obstacles et le temps bien long que notre institution mit à reconnaître l’importance et la pluralité de ses apports.
Ceux qui ont eu la chance de le connaître sont nombreux dans la peine.
Nathalie Zaccaï-Reyners