POUR UNE SOCIO-ANTHROPOLOGIE DE LA PRÉSENCE

Un cycle de séminaires de recherche organisé par Rachel Brahy et Nathalie Zaccai - Reyners, dans le cadre de l'École Doctorale Thématique en Sciences Sociales 2021-2022.

 

 

PRÉSENTATION

Nous partons de ce constat qu’il est un vaste ensemble d’expériences rétives au vocabulaire de la modernité qui, pour trouver un chemin vers la conscience et le partage, semblent prendre appui sur des ressources associées à la sphère esthétique ou religieuse. Parmi elles, nous nous centrons sur la sensation ou le sentiment d’une co-présence ou d’une présence dans le monde. Celle-ci peut se manifester alors même que le sujet ou l’objet dont la présence est perçue n’est pas disponible dans l’ici et le maintenant.


En particulier, nous voulons explorer et documenter l’engagement attentionnel spécifique qui serait requis pour entrer dans ces expériences, comment il s’obtient et s’expérimente ; quel engagement émotionnel/perceptuel y serait impliqué ; est-il plaisant ou non ; pourquoi et comment en arrive-t-on à dire que « quelque chose s’est passé » et que se passe-t-il exactement quand on dit que « quelque chose s’est passé » ? Enfin tout ceci débouche-t-il sur une sensation spécifique d’appartenance au monde ; au cosmos ? Autrement dit, un engagement existentiel spécifique est-il la marque/l’horizon de ces expériences ? Comment le décrire ; quelles situations y mènent ? 


L’intérêt pour ce type d’expériences s’inscrit dans un contexte foisonnant, cristallisant des tensions épistémiques dans le cadre des humanités comme des sciences sociales, où s’expriment de nouvelles attentes envers les outils de nos disciplines, où s’autorisent des pistes de recherche inédites, dans une configuration sociale, politique, morale à la fois riche en propositions et fragile en ressources (Laplantine 2018, 2021 ; Piette 2009, 2013 ; Schaeffer 2015 ; Citton 2016 ; Jeune 2016). Cette route croise en effet des chemins empruntés par divers auteurs et courants, s’inscrivant dans des directions étonnamment plurielles si pas antagonistes, dont nous commençons à prendre connaissance. Ils ont en commun le déploiement d’une attention particulière à la relation sensible qui nous relie au monde, aux autres et à nous-mêmes. Et une volonté de s’y ancrer résolument, sans pour autant ouvrir les mêmes questions. Lorsqu’il s’agit de penser la « présence », nous rencontrons tant l’injonction à s’intéresser à « ce qui échappe à la signification » (Gumbrecht, 2010) qu’à se centrer sur la transcendance signifiante ouverte par la réception d’œuvres d’art (Steiner, 1990). De même, il sera tantôt fait fond sur la présence dans sa matérialité spatiale (Gumbrecht, 2010) ou corporelle, tantôt sur la dimension temporelle d’un « présent vivant » avec toutes les complications que cela induit en termes d’accès à la signification (Cf. Schütz, 2007).


Dans le cadre de ce premier séminaire, nous souhaitons ouvrir plus avant l’exploration des outils sociologiques, anthropologiques, philosophiques ou artistiques qui permettent de saisir quelques dimensions de ces expériences vécues singulières. Certaines tirant vers des hauts degrés d’intensité émotionnelle ou sensibles, que d’aucuns pourront qualifier d’« enchantées » (Halloy & Servais, 2014), tandis que d’autres requièrent une attention spécifique pour être perçues, associées en ce sens à une faible ou une basse intensité (Piette, 2009). 
Notre intention dans le séminaire de cette année n’est pas avant tout d’explorer la littérature, mais bien d’engager la conversation avec les acteurs et auteurs de recherches menées sur des terrains fort divers, ou dans le cadre de différentes pratiques (danse, écriture, théâtre, soin…), en les invitants à réfléchir au lien qu’elles peuvent avoir avec la présence au sens le plus ouvert et large possible.
 

Programme

PREMIÈRES DATES
 

14.02 -> Introduction et projection du documentaire réalisé par Valérie Bruni Tedeschi et Yann Coridian
21.02 -> Table ronde autour du film avec Martin Givors (post-doctorant à l’U-Liège), Blandine Pillet (facilitatrice didacte de Biodanza), Pietro Varrasso (metteur en scène, chorégraphe, Professeur au Conservatoire de Liège)

14h00 - 17h00

ULB - Campus du Solbosch
Bâtiment A - Porte Z - Niv. 1, Local  AZ1.101

Plan et accès

Renseignements et inscription : Rachel.Brahy@uliege.be
 

BIOGRAPHIES

MARTIN GIVORS est chercheur post-doctorant au Laboratoire d’Anthropologie Culturelle et Sociale de l’Université de Liège. Issu des études en danse et des pratiques corporelles chinoises, il interroge aujourd’hui la capacité des arts du mouvement à susciter des sensations et des pensées de continuité entre un corps et son environnement au sein de contextes européens marqués par un imaginaire naturaliste. 

BLANDINE PILLET est facilitatrice didacte de Biodanza et directrice d’une école de formation de facilitateur-trices de Biodanza. Elle anime et enseigne la pratique de la Biodanza depuis une quinzaine d’année. Elle exerce également comme psychothérapeute praticienne somatic experiencing. Elle est aussi ingénieur agronome et docteur en économie de l'environnement - CNRS Université Richter de Montpellier- et fut chargée de projets une dizaine d’année.  

Après une formation à l’INSAS, puis au Centre de travail Jerzy Grotowski, PIETRO VARRASSO fonde la compagnie « Projet Daena » au sein de laquelle il met en scène Le Fou de Leyla (Nezami), Le Chemin du Serpent (Lindgren), L’Exception et la Règle (Brecht), Estrades (Willemaers), Yaguine et Fodé (création collective). Il signe également des mises en scène pour le théâtre de la Place (Riders to the Sea) et le Théâtre de Poche (The Island, Kids). Il travaille en collaboration avec La Charge du Rhinocéros et enseigne la formation corporelle, vocale et l’art dramatique au Conservatoire de Liège depuis 1993.

Mis à jour le 21 avril 2023